jeudi 4 février 2010

Qu'est-ce qu'être "normal"?

J'ai reçu longuement ce soir le papa d'un enfant trisomique. Il se désole - à juste titre - du manque d'accueil et de reconnaissance que notre société offre à son enfant, et aux autres qui souffrent d'un handicap. "Comme si, me dit-il, on voulait protéger le bonheur du grand nombre en masquant ce genre de difficulté." Il se sent exclu, il sent que son enfant est exclu, parce qu'il dérange le confort bêta de nos contemporains. Notre conversation glisse sur "la norme" : qu'est-ce qu'être "normal", au fond? Je lui répète cette réflexion que m'avait faite un jour la Reine Fabiola, qui revenait d'avoir visité l'institution "La Boulaie", à Chimay, et les handicapés adultes qu'elle héberge : "Le grand drame, ce n'est pas de ne pas avoir été aimé - ça se répare. Le grand drame, c'est de n'être pas capable d'aimer. J'ai vu à La Boulaie des personnes qu'on dit handicapées, et peut-être le sont-elles (je ne suis pas médecin). Mais ce que je sais, c'est qu'elles m'ont manifesté beaucoup d'amour. Elles sont donc moins handicapées que beaucoup d'autres que l'on dit 'normales'." Cette réflexion de la grande dame nous a conduits, mon ami et moi-même, à nous interroger sur la norme : certains êtres dits "normaux" sont monstrueux d'orgueil, de vanité, de certitudes accumulées, de rancoeurs, de méchancetés, etc. Et d'autres, dits "anormaux" (physiques, mentaux, sexuels, que sais-je) sont des trésors de bonté, de douceur, d'humanité... Vraiment, la question de la "norme" est à revoir... Tout un travail, et de longue haleine!

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