mardi 17 mai 2011

Le symptôme DSK

La justice américaine n'hésite pas : elle met en tôle, préventivement, et comme elle ferait de n'importe quel justiciable, l'un des hommes les plus puissants du monde, le "grand argentier" de la planète. Personne ne sait si DSK est vraiment coupable - il est présumé innocent, mais on peut se dire que, si la juge a été pareillement expéditive, c'est que de forts soupçons de culpabilité pèsent sur ses épaules. Des Français s'indignent, crient au complot - chez eux (chez nous?) pour sûr, cela ne se serait pas passé ainsi : on aurait minimisé, voire occulté l'affaire, on l'a fait pour d'autres, on le fait encore.
Tout cela me semble symptômatique d'une oligarchie qui, dans nos pays démocratiques, risque de prendre le pas sur la véritable démocratie : le système sarkozyste, en France, conjugue les pouvoirs politiques et financiers et les concentre aux mains d'un groupe finalement restreint de personnes peu à peu déconnectées de la vie réelle, de la vie des gens, et qui agissent d'abord, quoi qu'ils en disent, pour protéger leurs avantages, et surtout pour ne pas eux-mêmes payer le prix de la crise financière. La nomenklatura socialiste française, du reste, participe à ce système, DSK en tête : il faut être inconscient pour louer des chambres d'hôtel à des prix exorbitants, rouler en Porsche (même prêtée par un copain), se balader en costumes qui coûtent plusieurs dizaines de milliers de dollars, et prétendre devenir le Président de la République Française, au nom de "la gauche" et pour aider enfin les petites gens. Inconscient et, pire, indécent, tout intelligent qu'on soit : cela signifie que, à gauche comme à droite, on a perdu le sens commun.
Qui en profite? Les extrêmes, les nationalistes : le FN de Mme Le Pen, en France; la NVA de Mr De Wever chez nous : chevaliers blancs auto-proclamés de la défense des petits et des humbles, ils prônent des solutions plus indécentes encore, comme le rejet des populations immigrées, la diminution des allocations de chômage ou le repli sur soi et sur son identité prétendument "nationale" (d'où les interminables problèmes communautaires chez nous). Ce nationalisme à vomir est haïssable. Il est favorisé par les comportements de l'oligarchie sus-nommée.
Que faire?
Que dire?
Ceci, que les chrétiens peuvent partager avec d'autres : que le pouvoir est un service. Que seul doivent primer le bien commun et l'intérêt général. Qu'il faut en finir avec la théâtralisation honteuse de ce pouvoir (le fameux "bling bling" de la richesse dite "décomplexée"). Qu'il faut apprendre à écouter les personnes modestes et fragiles et se mettre résolument à leur service.
Que l'économie est au service des personnes, et de ces petites gens en particulier et que les compétitions économiques entre les zones monétaires ("euro", "dollar", autres) ne sauraient conduire à un appauvrissement des plus faibles (comme les Grecs, les Portugais, etc.) Et, en un mot, que l'on ferait bien de renouer avec les vertus de modestie, de tempérance et d'humilité, surtout quand on est sollicité pour servir son pays d'une façon ou d'une autre.
L'enseignement social de l'Eglise ne dit pas autre chose depuis plus de cent ans - Jean-Paul II, surtout, récemment béatifié, l'a admirablement proposé dans des textes qui devraient être lus et relus par tous les hommes de bonne volonté.
Sinon, j'entends gronder la révolte dans les rues. En 1788 aussi, les oligarques dormaient en paix. Et leur réveil fut brutal.

1 commentaire:

  1. "Qu'il faut apprendre à écouter les personnes modestes et fragiles et se mettre résolument à leur service" .. oh que j'aimerais que cela ressorte en tête des soucis du prochain synode de notre diocèse ....

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