mercredi 13 juillet 2011

Le miracle grec

Il peut sembler provocateur, au jour d'aujourd'hui et vu la situation économique du pays envisagé, de parler de "miracle grec". Pourtant, j'utilise volontiers cette expression au retour d'un bref mais revigorant séjour à Athènes, aux fins de me reposer un peu - Athènes, la Grèce : une ville et un pays que j'ai autrefois beaucoup fréquentés (je suis d'abord ce que l'on appelle en Belgique un "philologue classique"!), mais que je n'avais pas revus depuis à peu près vingt ans.
La première impression est celle d'une intacte pureté du pays : pas seulement la couleur du ciel et de la mer, mais les lignes des monuments, des statues, des poteries (visités à pas cadencés dans les musées remarquables de la Capitale grecque, notamment le Musée Archéologique et le tout nouveau Musée de l'Acropole, ou encore le Musée cycladique, reparcouru avec émotion). Les idoles cycladiques, précisément et par exemple : le caractère épuré de leur forme, l'impression qu'elles dégagent, leur contemporanéité. Ou encore les stèles funéraires du cimetière ancien du Céramique : des centaines d'années avant le Christ, dans les deux cas, une attente de la vie éternelle, une aspiration à vivre déjà, dans l'ici-bas, de l'au-delà... Si l'on ajoute à cela la naissance de la philosophie (joie de lire des pages du Phèdre de Platon en se promenant sur les bords de l'Ilissos, là où peut-être, sans doute, Socrate lui-même philosophait : "Ô phile Phaidre, poi dè kai pothen;" - "Ô mon cher Phèdre, où vas-tu comme cela, et d'où viens-tu?", question primitive de toute existence humaine!), si l'on ajoute aussi à cela le bonheur d'errer dans la Plaka, de goûter à l'ouzo et à la cuisine locale! Oui, on est bien dans un berceau de civilisation. Un berceau qui nous repose - comme font tous les berceaux, en principe! Nous y retrouvons quelque chose qui a forgé l'humanité, qui lui a donné son ossature, et qui se respire, qui flotte dans l'air, qui réjouit le sourire des antiques statues - ces femmes apaisées, emplies de sagesse, des centaines d'années, encore une fois, avant l'aventure chrétienne...
Une aventure en continuité, du reste, avec ce passé dit "païen" - le Musée byzantin, ses innombrables icônes, racontent l'imprégnation désormais chrétienne du pays. Et même les catholiques, très minoritaires, forment une communauté fervente (j'ai pu m'entretenir avec l'archevêque catholique d'Athènes, qui m'a beaucoup impressionné par son respect des personnes, dans sa toute petite cathédrale Saint-Denys-l'Aréopagite, plus petite que l'église de Silly!)
La situation économique, hélas, est ce qu'elle est (probablement beaucoup de corruption, et la non taxation de quelques empires financiers). Mais il faut aider ce pays à en sortir, non seulement pour ces motifs économiques, mais davantage encore pour des motifs culturels : sans la Grèce, pas d'Europe, au sens noble de ce terme ("Europe", d'ailleurs est une nymphe de la mythologie grecque).
Au retour, on retrouve l'abrutissement, la bêtise et l'obstination de certains politiciens belges, toujours infoutus de dépasser leurs calculs électoralistes et leur nationalisme égoïste.
Qu'ils aillent se faire voir chez les Grecs, tiens!

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