lundi 25 février 2013

Difficile d'aimer l'Eglise...

On n'aime pas l'Eglise. Je ne parle pas de Rome, du pape, du conclave à venir, des préceptes moraux du Magistère.
Je parle de l'Eglise, ici, chez nous, dans nos paroisses.
On n'aime pas l'Eglise, on n'aime pas la communion, la mise en commun, on la redoute. On la fuit.
Je comprends.
Ce matin, à quelqu'un de généreux, mais qui entend créer son affaire tout seul, hors la communion paroissiale, j'ai souhaité bon vent - et répété qu'alors il ne devait pas compter sur les deniers de la paroisse, évidemment, ou sur les dons qu'on a faits à la paroisse pour le même objet que le sien.
"Je veux rêver", dit-il. Je comprends, j'estime et respecte ce rêve.
Mais hors la communion, comment le rêve se mettra-t-il en place, sauf à devenir le pré gardé d'un "privé" ou de quelques privés?
On n'aime pas l'Eglise.
L'Eglise, ce n'est pas d'abord Rome ou le pape : ces discours-là sont des prétextes à ne pas voir nos manques de communion réelle, immédiate.
Moi je suis le gardien d'une Eglise locale. Le gardien de sa communion. Le gardien de ses finances, aussi. Le gardien d'une responsabilité partagée avec tous. Des discours, aussi généreux soient-ils, qui exaltent les initiatives personnelles ou sectorielles sans le souci du bien commun (concrètement,  cela passe maintenant par - au moins - une proposition à l'Equipe d'Animation Pastorale), je me dois de leur faire une mise en garde.
Respectueuse. Polie.
Et ferme.

samedi 23 février 2013

Mort du Cardinal Ries

Pendant que nous siégions en "assemblée synodale", aujourd'hui à Bonne-Espérance (longue journée, un peu fatigante, ces votes à répétition, mais je crois que l'ensemble est au final remarquable. Certes, pas encore de décisions concrètes : celles-ci seront prises et votées au mois de mai. Tous ceux que la vie du diocèse intéresse, par exemple ceux et celles qui ont participé à des "équipes synodales", peuvent voir la publication de ces motions votées sur le site du synode diocésain), pendant donc, que tout cela se passait, nous avons appris le décès du Cardinal Julien Ries.
Créé Cardinal l'an dernier par le pape Benoît XVI, ce professeur émérite de la Faculté de Théologie de l'UCL était un spécialiste mondialement reconnu de l'histoire dite "comparée" des religions. Il n'avait jamais cessé non plus d'être un pasteur (curé, doyen), fidèle fort humblement à sa vocation de prêtre. Il habitait la cure de Villers-Notre-Dame, près de Ath, et j'étais donc, comme il me l'a quelquefois dit sur le mode de la blague, son "nouveau doyen principal".
Je participerai normalement samedi prochain, à la Cathédrale de Tournai, aux funérailles de cet homme de savoir et d'érudition, sage serviteur de son Eglise.

vendredi 22 février 2013

Les anges herméneutes...

Comme les soirées sont contradictoires!
Je dois absolument achever pour la semaine prochaine la contribution à un livre d'hommage pour Adolphe Gesché (1928-2003), théologien belge majeur, que je n'ai jamais eu comme professeur, mais qui fut un confident. Il me faut écrire sur les rapports qu'il entrevoyait entre la théologie et la littérature, et il est vrai que j'avais autrefois réussi à le faire publier  avec mon ami Hector Bianciotti, l'écrivain et académicien décédé en juin dernier : cet article a paru et reparu, notamment dans A. GESCHé, Les mots et les livres, Cerf, 2004, pp. 139-146. Il y a beaucoup de choses à dire là-dessus, et Gesché a beaucoup apporté sur la question, alors je lis et relis, et j'espère bien profiter de dimanche après-midi pour avancer. C'est important. Comment faire quelquefois comprendre que "ces choses-là", qui semblent si abstraites, si lointaines, sont essentielles, alors que d'autres urgences nous assaillent, littéralement?

D'autres urgences : appris ce soir qu'un monsieur largement aidé par la paroisse depuis des années (notamment du point de vue logement), un monsieur que j'estime beaucoup parce qu'il a toujours essayé de "s'en sortir", un monsieur avec une petite fille qui grandit, enfin je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, mais la vérité est cruelle, que ce monsieur donc est encore rattrapé par ses dettes, malgré tous les processus de médiation. Et les dettes sont lourdes, comme sont lourdes les conséquences. Pour le moment, il n'y a pas de solution (l'argent ne tombe pas du ciel, comme ça, et du reste ce ne serait pas bon signe). Il faut prier, je crois vraiment que le prière ouvre des horizons, des perspectives.

Troisième assemblée synodale demain. Pourvu que tout ce chantier avance! Comme cela est nécessaire, comme cela est à la fois enthousiasmant et lourd, une assemblée qui essaie de se mettre d'accord! Si l'on n'écoutait que les médias, il "suffirait de" pour réformer l'Eglise! Tiens! Mais tenir compte de l'avis de tous, de la majorité (ce qui est un exercice démocratique : demain, en assemblée, nous allons voter des motions, avec des boitiers, comme au Parlement), c'est autrement difficile que d'écouter ceux qui crient le plus fort (à ce propos,  ma gueulante contre ce prêtre brabançon qui estime que, "inquiété" dans les affaires belges de pédophilie, le Cardinal Danneels devrait être interdit de conclave. Pour rappel : tout le monde peut "inquiéter" tout le monde de n'importe quoi, dans notre pays, mais tant qu'un citoyen n'est pas formellement condamné, il est innocent, sinon, par pitié, où irions-nous! Et je ne sache pas que Mgr Danneels ait jamais été condamné, même si l'on a, de façon fort légitime - vu ses anciennes responsabilités - fait des enquêtes à son propos.  Je commence à en avoir doucement marre des insinuations médiatiques qui, volontairement ou non, oublient cela. C'est indigne d'un Etat de droit.)

Enfin, et heureusement, avant d'aller au dodo, pour reprendre toutes ces émotions contradictoires : il y avait une heure sainte, ce soir, à la chapelle ND de Messines, et elle était belle, apaisante, nous nous sommes laissé aimer, dans le silence, par Celui qui ne cesse de donner sa Vie pour nous. Qui nous ressuscite. Là est le cœur de tout. Là on est à la fois pauvre (incapable de prier, de demeurer cinq minutes dans le silence du cœur) et riche d'une Présence qui s'offre sans retenue, sans contrainte. Comme j'ai aimé l'adoration, ce soir!

PS.
Pour le titre de ce post, eh bien cherchez! Et dites-moi, ça m'apprendra des choses. Je ne sais pas très bien pourquoi j'ai écrit "ça comme ça", mais je crois que c'est justifié. On verra!

mercredi 20 février 2013

Faire la cuisine et bien manger

Je viens de regarder, un peu distraitement, une émission de la RTBF sur la "malbouffe" dont sont victimes nos sociétés : trop de plats préparés, trop de sel, trop de sucre, trop de graisses, etc. Je reconnais volontiers la part d'outrance qu'il y a dans la présentation de cette émission, mais je suis d'accord avec ces constats. Nous mangeons mal, et nous vivons mal la manière de manger : manger, c'est mettre la table, une nappe et des serviettes et, à la bonne saison, un petit bouquet de fleurs, c'est servir les plats dans des plats (et faire la vaisselle après, y compris par lave-vaisselle), et cela aussi s'appelle de la "culture".
Quelquefois, j'accompagne des personnes un peu démunies dans leurs courses. Souvent des personnes jeunes - et qui n'ont pas de travail extérieur. Je suis frappé de voir ce qu'elles emportent, en effet souvent des plats préparés, des pommes de terre précuites, des lasagnes (dont on sait mieux aujourd'hui la composition), des sodas sucrés, etc., tous produits généralement plus chers et moins bons à la santé que des produits simples (ça ne me gênerait pas, tiens, qu'elles achètent une bonne bouteille de vin). Ce que je dis ici n'a rien d'un jugement moral : la plupart des gens globalement jeunes ne savent pas cuisiner, parce qu'ils ou elles n'en ont pas le temps, et/ou ne l'ont pas appris. Une bonne purée de pommes de terre avec un peu - si peu! - de beurre, de la muscade, du lait chauffé doucement, c'est incomparable, et revient beaucoup moins cher que n'importe quelle "chose" préparée qui voudrait y ressembler. Achetez avec cela deux rognons de porc (je dis bien : de porc) nettoyés (prix vérifié hier : 1 euro les deux), que vous faites cuire sur un petit lit d'échalotes avec une tombée de vinaigre, et une petite salade verte (salade de blé, chicons crus) : vous voilà avec un festin pour pas grand chose.
Mais on ne sait plus cela.
J'ai proposé aux dames de "Vie Féminine" de réactiver des cours de cuisine pour tous, en essayant de faire comprendre l'importance de ce qui est à mes yeux un art de vivre. Elle en sont d'accord, et c'est un projet qui me tient vraiment à cœur et qui, je crois, va aboutir, grâce à elles et à d'autres qui sont convaincus de sa pertinence. Choisir les produits, selon la saison, choisir la quantité, essayer de ne plus acheter des pizzas surgelées ou des sodas, mais plutôt prendre de l'eau (moi je la préfère gazeuse, mais il paraît que la plate est encore meilleure), choisir de temps en temps un bon vin (il en est de très bons pas trop chers), redécouvrir, par exemple, les vertus du cochon (les pieds, farcis ou non, rôtis ou non, dans un bouillon avec le jarret, avec des haricots blancs excellents pour les entrailles, redécouvrir les saveurs de tout cela qui cuit, qui mijote dans des légumes, poireaux, carottes, navets,...), redécouvrir qu'on peut se nourrir simplement et mieux, c'est un pas vers la liberté intérieure.
En ces temps de déshérence alimentaire (les peuples du Sud n'ont rien à manger, les peuples du Nord mangent mal et se font arnaquer par l'industrie alimentaire), je trouverais intelligent que l'Eglise Catholique, au lieu de rappeler des interdits idiots,  désuets ou surréalistes (voir une note ci-dessus), essaie de dire à tous comment se nourrir se façon simple, équilibrée, économique, qui garantisse aussi une meilleure répartition des denrées et qui soit... savoureuse autant que "bonne" éthiquement!

PS. J'ai toujours pensé qu'il y avait une grande connivence entre la cuisine et la théologie chrétienne. Je veux dire : faire qu'un produit très noble, très pur et... très cher,  soit très bon... ce n'est pas non plus très...  compliqué. Si vous aimez la viande, prenez une bonne entrecôte de bœuf (ce n'est pas donné) et faites-la griller, ok. Faire qu'un produit peu noble soit délicieux (c'est pourquoi j'ai pris l'exemple ci-dessus des rognons de porc, qu'il y a quelques années on donnait chez les bouchers, ou qu'on jetait, parce que personne n'en voulait! Heureusement, ça revient!), alors là il y faut beaucoup plus de soins...
Figurez-vous : faire que des morceaux pas très ragoûtants au départ deviennent excellents... C'est ce que Dieu, cet excellent cuisinier de l'humain,  fait avec nous!
Je rêve d'écrire un jour un livre de cuisine qui prenne ce postulat "théologique" de départ. Je crois que ce  serait mon meilleur livre (entendez "meilleur" comme vous voulez...)

dimanche 17 février 2013

Reconnaître ses torts...

Dans la conversion que le Carême ouvre en nous, dans cet ouvrage de vérité qu'il nous propose, il est un élément fondateur de l'oraison - je dis ceci à l'adresse de ceux et celles qui ont du mal avec la prière silencieuse : reconnaître ses torts. Reconnaître qu'on a pu avoir tort. Et le reconnaître comme un soulagement, puisque c'est un peu plus de vérité qui se fait en nous.
Je le dis à destination de tous, mais peut-être en particulier des familles : on vit tellement sur des préjugés tenaces, et plus encore lorsqu'on est proche les uns des autres, que c'est cela qui conduit à l'éclatement du foyer qu'on a voulu fonder dans l'amour. On pense que l'autre pense que, et qu'il a tort de le penser, bien entendu, et finalement, faute de temps pour se parler, pour s'expliquer, on vit sur des fantasmes qui deviennent des ressentiments. On ne voit pas le mal  que soi-même ont peut ou on a pu occasionner, on est perché sur ses certitudes (je pense à cet homme qui, en France, fait la grève de la faim sur une grue - posture symbolique, c'est l'inconscient qui parle! -  pour réclamer de voir son enfant : je ne connais pas le dossier, mais s'il n'a ni la garde ni le droit de visite, il y a peut-être quand même bien quelques "torts" de sa part, non?)

Que le carême soit un temps de vérité pour démasquer nos erreurs intimes, nos faux jugements, nos précipitations, nos manques de lucidité. Et quel soulagement de reconnaître, un jour, que le tort est de notre côté!

Marie Noël - citation de fin de dimanche, provision de bonne volonté pour la semaine :

"Quel repos, ah! quelle détente, dans un conflit, de s'apercevoir soudain qu'on a tort! Tout s'apaise d'un coup - c'est moi qui ai tort - tout s'arrange! Tandis que s'il fallait attendre la paix d'un autre..."
(Marie NOËL, Notes Intimes, p.208)

Nouveaux délires sur les plateaux de télé...

La démission du pape a suscité ce midi des débats télévisés "à la belge" : cathos versus laïcards. Pitoyables affrontements, raccourcis de langage de toutes sortes. Et en particulier, dans le "camp" laïque. Aller prétendre que le christianisme n'a jamais rien produit de bon dans le monde, que les cathos sont des bêtasses réactionnaires stupidement inféodés à une hiérarchie rétrograde et qu'on se réjouit de leur recul (l'inévitable Madame Morelli semble ignorer que le nombre de catholiques  romains dans le monde est en augmentation constante d'année en année, pour dépasser aujourd'hui le milliard trois cents millions de personnes...), tout cela a quelque chose de navrant. Niveau zéro de débat, de réflexion, voire de jugement...

Une heure avant, à l'église : la joie dans les yeux et les sourires des enfants que j'accueillais pour la première étape de leur baptême, qui sera célébré durant la Vigile de Pâques, et le bonheur visiblement palpable dans les poignées de main et les paroles de leurs parents. Quel contraste!

samedi 16 février 2013

Pour rire ou pour pleurer...

Quand je vous disais, l'autre jour, que l'on se couvre de ridicule lorsqu'on veut réguler le jeûne et l'abstinence de façon casuiste (au cas par cas) en détaillant l'assiette des gens! Ce qui suit n'est pas une blague : l'ordinariat du diocèse catholique de la Nouvelle-Orléans a cru bon de faire savoir que, les vendredis de carême, on peut consommer la chair de l'alligator, du castor et des insectes. (Désolé pour Brigitte Bardot, il n'est pas question de cheval).
Je suggère donc, aux ménagères curieuses parmi vous, le menu suivant pour quelque vendredi à venir :

.en entrée, le carpaccio de jeune alligator sauvage de nos rivières, sur lit d'écailles
.en plat, le filet de castor braisé servi comme à la plancha sur l'émincé de sa queue aplatie
.en dessert, le méli-mélo de larves sautées à la poêle et flambées au Grand Marnier

    
     Bon appétit!

(Pourtant,  l'un des actes fondateurs de la foi chrétienne, et qui la distingue des autres monothéismes encore aujourd'hui, a été de rompre avec les interdits alimentaires de la Torah - ce fut l'un des acquis du "Premier Concile de Jérusalem" où s'affrontèrent Pierre et Paul. Par quelle malignité tordue, à toutes les époques, certains  catholiques croient-ils devoir refaire des listes de permis/défendu, au risque évidemment de devenir grotesques? Je ne comprendrai jamais cette tentation casuiste, qui déshonore la foi chrétienne et la dessert - "dessert" étant en l'occurrence le mot qui convient!)

mercredi 13 février 2013

Saint Augustin, encore, pour un bon Carême

Le mercredi des Cendres qui ouvre liturgiquement le Carême - aujourd'hui - nous invite à considérer notre intériorité (le Père qui voit dans le secret de la chambre personnelle, pour reprendre l'expression évangélique) : c'est le commun dénominateur des trois attitudes du jeûne, de la prière et de la charité qui caractérisent ce temps préparatoire à Pâques, attitudes qui n'ont pas en elles-mêmes leur finalité, mais ont pour but de reconduire au plus intime de soi.

Difficile exercice. Gageons que saint Augustin, encore lui, lui encore une fois, nous y aidera. Au Livre X de ses Confessions, il se demande comment ne pas s'enorgueillir des regards admiratifs qu'on lui porte, comment les recevoir. Etrange question, qui le reconduit... à sa vie intérieure. L'extériorité du regard qu'on porte sur lui doit être reçue dans son intériorité et - ceci est important - en fonction du bien d'autrui, car la charité reste le critère de tout. (La vie intérieure, chez les chrétiens, n'est pas simple introspection du "moi" priant, elle est toujours régulée par le service de l'autre).

Ainsi écrit-il  :

" Je ne dois être sensible à l'admiration qu'on me porte que si elle est utile à mon prochain, et non à moi. Je ne sais pas si j'en suis déjà là! J'en connais moins sur moi-même que toi. Je t'en supplie, mon Dieu, dénonce-moi à moi-même, pour que j'avoue à mes frères, qui prieront pour moi, toutes les déchirures découvertes en moi. Mais si je ne dois être sensible à l'admiration qu'on me porte que si elle est utile à mon prochain, pourquoi suis-je moins sensible aux critiques injustes que reçoit quelqu'un qu'à celles qu'on m'adresse? Pourquoi l'injure est plus mordante contre moi que contre un autre, alors qu'elle est tout aussi injuste? Ca aussi, je l'ignore. La seule réponse possible serait que je suis mon propre séducteur, que je ne fais pas la vérité avec toi, ni dans mon cœur ni dans ma langue.
Eloigne de moi cette maladie, Seigneur!
Ce qui sort de ma bouche ne doit pas devenir l'huile du péché sur ma tête!"

(AUG., Conf., X, 62)

Voici des  propos décisifs sur le combat spirituel, non?
Et probablement de quoi  nourrir quelques confessions sacramentelles pour ceux qui n'auraient pas d'idée sur la question (genre : "Vous savez, mon Père, à mon âge, on ne pèche plus!", ce qui semble indiquer une singulière réduction du péché à des performances que l'on voit s'éloigner avec nostalgie...)
Bon Carême à tous!

mardi 12 février 2013

Discours de Benoît XVI aux Bernardins

Si l'on veut avoir une idée de l'ampleur intellectuelle du pape Benoît, et si, par ailleurs, on est un peu curieux de ce qu'est la théologie, alors il faut aller regarder ou lire le discours que Benoît XVI prononça au Collège des Bernardins, à Paris, le 12 septembre 2008. Ce discours est disponible facilement sur le web, il suffit de taper sur Google "Discours de Benoît XVI aux Bernardins". On y verra et entendra une analyse de la situation spirituelle de l'Europe, c'est-à-dire aussi de son questionnement le plus profond -  le pape l'énonce à partir de l'expérience monastique bénédictine, qui a évidemment forgé l'identité européenne. C'est une leçon magistrale d'érudition, de finesse, de justesse.
Et c'est cela que je veux dire quand j'écris sur ce blog : montrez-moi un Chef d'Etat qui arrive à la cheville de ça! (Maintenant, il faut peut-être aussi autre chose pour "gouverner", ok!) Du reste, les mimiques de Giscard d'Estaing et de Chirac, assis au premier rang, sont éloquentes : ils essaient de faire comme s'ils comprenaient, c'est tordant!
Je ne sais pas si, comme on l'entend pronostiquer ces jours-ici,  "Benoît XVI aura compté" : quand on voit la liste des papes, ce genre de propos n'a guère d'intérêt. En tous les cas, il aura rappelé l'importance de l'intelligence de la foi - et en cela, pour moi, il fut non seulement un "Saint Père", mais un "Saint frère".

lundi 11 février 2013

L'Eglise catholique en a connu d'autres...

La démission de Benoît XVI est un acte rare et courageux. Grégoire XII avait été le dernier pape à le faire avant lui (en 1415, mais pour des raisons plus politiques, ou géo-politiques) et Célestin V, avant cela à la fin du XIIIème siècle, pour des raisons probablement plus proches de celles du pape actuel. Entre les anti-papes, les schismatiques, ceux de la Renaissance, les arrivistes etc., franchement, l'Eglise catholique en a connu d'autres!

Cela dit, pour mon compte personnel, j'ai toujours eu grande estime de Benoît XVI, de son intelligence, de sa finesse - je l'ai écrit, je crois, une fois au moins sur ce blog : il n'y a pas eu dans les dix dernières années un Chef d'Etat (car il en est un) aussi cultivé, aussi érudit, que lui. Mais bon, l'âge est là, et les tensions à l'intérieur de l'Eglise - et, paraît-il, du Vatican même -, (un milliard et demi, à peu près, de catholiques romains, dont on peut deviner les diversités de tous genres) : on comprend que cet homme renonce et n'offre pas au monde l'image affligeante que Jean-Paul II, remarquable prédécesseur, avait pu donner dans les derniers mois de son pontificat.

C'est peut-être une ère nouvelle qui s'ouvre pour l'Eglise catholique : comme si Benoît XVI plaçait ses confrères cardinaux devant leurs responsabilités ("Moi, je n'y arrive plus : mettez-vous d'accord sur ce que vous voulez.")  J'ai l'impression, par exemple que, fatalement, le conclave ne choisira plus un cardinal déjà âgé (on ne va pas nous refaire le coup trop souvent), ce qui limite singulièrement les propositions...
Qui plus est, Benoît XVI a toujours essayé de faire la synthèse, de risquer les grands écarts, entre les tradis et les progressistes : motu proprio pour une liturgie dans le rite d'avant Vatican II, mais accélération du processus œcuménique et interreligieux, intransigeance à l'encontre des réfractaires de Vatican II, mais aussi sur des questions de morale sexuelle et politique et sur une "loi naturelle" qui n'est plus guère comprise de nos jours (du moins en Europe du Nord), etc. Ces tensions et cette recherche d'unité devaient, à la longue, être en effet épuisantes! Le clash de sa démission pourrait hâter de nouvelles orientations, plus claires, peut-être moins consensuelles : en tous les cas, une page s'ouvre.

Et, tandis qu'on nous rebat déjà les oreilles avec les pronostics rtbféiens ou rtléiens et les spécialistes ecclésiastiques habituels, je vais vous lancer un "scoop" : je sais déjà quelque chose à propos du prochain conclave.
Mais oui.
Il élira un pape! Oui, fin mars, il y aura un pape!
Ca, c'est un scoop, non?
Et pourtant, j'en suis sûr!

samedi 9 février 2013

Pourquoi j'aime Bernanos...

Dans mon homélie de ce soir, commentant le début du chapitre cinquième de l'évangile de Luc (la vocation de Simon-Pierre) et les versets du chapitre sixième du Prophète Isaïe (la vocation d'Isaïe), j'ai cité Bernanos et deux phrases du Journal d'un curé de campagne. J'aime Bernanos, ce qui peut sembler étrange, c'est un écrivain catalogué "à droite", etc. Je lui ai consacré autrefois, pour le cinquantième anniversaire de sa mort (en 1998, donc) un essai dans la collection "Prier quinze jours", chez Nouvelle Cité.
J'aime Bernanos pour sa liberté de pensée, sa volonté de n'être inféodé à rien ni à personne. Ce monarchiste (français... :  en Belgique, ce n'est rien d'être monarchiste, en France, c'est évidemment autre chose!) a par exemple pris parti pour les Républicains espagnols dès 1936, parce qu'il ne supportait pas de voir des évêques bénir des massacres. Quand on lui rétorquait que les Républicains massacraient aussi, il répliquait qu'eux au moins ne le faisaient pas "au nom du Christ" (voir l'admirable essai intitulé Les Grands Cimetières sous la Lune, où il s'explique de cela). A ses funérailles, un seul drapeau sur son cercueil : celui des Républicains espagnols, la seule "décoration" qu'il ait acceptée (il a refusé trois fois la Légion d'honneur, la troisième fois offerte par De Gaulle, excusez du peu, dès 1945, il pensait que ces genres de reconnaissance  ligotaient leur homme et vraiment il voulait rester libre de dire à chacun ce qu'il pensait). Je crois en outre qu'il  a "vu" avec une intuition remarquable ce qu'était, ce qu'est, en son cœur, le christianisme et que, même si certains de ses textes, de ses romans en particulier, portent la trace de leur date, cette intuition reste pertinente. C'est ce que pensait Hans Urs von Balthasar, le théologien suisse (cardinal créé par Jean-Paul II), traducteur de Bernanos en allemand,  dans son essai Le Chrétien Bernanos.
Pour revenir aux mots que j'ai cités ce soir, on les trouve donc  dans le fameux Journal d'un Curé de Campagne : le pauvre prêtre (figure non pas du prêtre seulement, mais de tout chrétien) ne sait plus s'il croit, ne sait plus prier, n'a plus la paix et, lors d'une conversation, rend la sérénité à une femme qui l'avait perdue depuis longtemps - et qui meurt dans la nuit. Revenu chez lui, il écrit dans son Journal ce commentaire qui résume à mon sens le cœur de la foi chrétienne : "Merveille, que l'on puisse ainsi faire présent de ce qu'on ne possède pas soi-même, ô doux miracle de nos mains vides!"
C'est l'économie chrétienne du salut et de la grâce : dans la foi chrétienne, lorsqu'on pense donner ce qu'on a, on se trompe soi-même et on trompe les autres. Dans la foi chrétienne, on donne, si j'ose dire, ce qu'on n'a pas, et qui transite par nos manques et nos failles. Voilà ce que comprennent Pierre et Isaïe dans l'appel que Dieu leur adresse : ils sont pécheurs, il y a entre eux et Dieu une incommensurable distance, mais c'est sur ce creux en eux que Dieu fonde leur mission, non sur leurs compétences supposées.
Pour le dire autrement : Jésus n'a pas fondé la "Catholic Inc. Company" en recrutant des managers grâce à des "chasseurs de tête". Il a voulu l'Eglise, fondée sur la reconnaissance épouvantée et humble que de pauvres hommes et de pauvres femmes auraient de leurs manques, seules portes d'entrée de l'Amour en eux.
Je crois qu'il y a là une clé de la foi, de l'évangélisation : tant que les catholiques prétendent donner leurs richesses aux autres, ils sont insupportables de vanité. S'ils reconnaissent qu'ils sont non pas "pleins" mais "vides", et que c'est de ce creux en eux que Dieu parle, alors leur parole devient pertinente. Sinon, c'est du vent... On pardonnera beaucoup de choses aux chrétiens, beaucoup, même les plus horribles (les massacres commis au nom du Christ, les copinages dégueulasses avec les pouvoirs politiques, les inquisitions et les tortures au nom de la vérité, et toute la saloperie dont ils ont pu se rendre coupables pendant deux mille ans d'histoire, en pervertissant - pauvre nature humaine! - le trésor à eux confié), oui, on leur pardonnera beaucoup. Mais jamais, je l'espère, on ne leur pardonnera leur arrogance, et la singulière débilité - le péché monstrueux - qui les pousse à donner des leçons à la société comme si eux-mêmes n'en avaient pas besoin ou comme s'ils étaient supérieurs au reste du monde.
"Ô doux miracle de nos mains vides!"

mardi 5 février 2013

Saint-Simon et le gallicanisme

Je poursuis avec persévérance la lecture des Mémoires de Saint-Simon : tome VI, Louis XIV est mort (en 1715, je vous l'apprends, au cas où vous n'auriez pas reçu d'avis de décès), place au Régent, nous voici en 1717...
Je suis frappé par les attaques récurrentes de ce catholique bon teint contre le pape : non pas pour des motifs doctrinaux ou moraux (comme aujourd'hui) mais pour des motifs politiques. Qu'il (le pape) ne se mêle pas de la façon dont la France gouverne "ses" affaires! C'est ce qu'on appelle le "gallicanisme" et qu'on oppose quelquefois à la tentation adverse de l' "ultramontanisme" (quand on ne jure, même en France, que par le pape : voyez encore cela aujourd'hui).
Derrière le souci de protéger l'indépendance politique de la France face à l'Eglise Romaine, il y a autre chose qu'une tactique politique. Il y a, je crois, une certaine incompréhension (Saint-Simon me pardonnera) de ce qu'est l'Eglise, qui souhaite être la présence du Christ aujourd'hui - son "sacrement". Et cela, en toute liberté. Qui ne supporte dès lors pas qu'on ("on", je veux dire : les médias, la culture ambiante, la pensée dominante, et bien entendu les gouvernants)  lui dise ce qu'elle doit faire ou être, ce qu'elle doit dire ou taire - et tant mieux si ça plaît, et tant pis si ça déplaît, et souvent ça déplaît, ce qui est plutôt bon signe, voir le Christ lui-même, qui n'a pas toujours plu, c'est le moins qu'on puisse dire.
Difficile, ça! Très difficile!
Mais la liberté, que c'est bon!

Merci à Thérèse et à son message

Hier, en EAP, nous avons reçu et écouté Thérèse qui, depuis plus de vingt ans, donne de son temps à l'église Saint-Antoine de Charleroi (Ville-Basse) comme accueillante et écoutante. Nous l'avions invitée parce que nous souhaitons mettre en place à Enghien et à Thoricourt des structures d'accueil dans deux de nos lieux de culte.
Je pense que nous avons tous été bluffés par sa simplicité, sa tendresse pour les personnes, son empathie et en même temps sa lucidité.
Quand l'Evangile parle... il est reçu!

"Que votre oui soit oui"

Deux théories s'affrontent.
Pour la première - mettons "conservatrice" - , une parole une fois donnée, une décision prise, une promesse engagée valent pour toujours. Ainsi, par exemple (on en a déjà parlé ici) les engagements conjugaux et parentaux, et, dans la sphère ecclésiale, entre autres,  les vœux monastiques, le célibat sacerdotal et plus largement la foi baptismale.
Pour la seconde - mettons "progressiste" ou "libérée" -, c'est la fidélité globale à soi-même qui compte, et ce "soi-même" n'a guère de permanence, promené au gré des années de circonstance en circonstance : comment pourrait-on s'enfermer dans des "oui" ignorants du lendemain? Comment pourrait-on y périr d'ennui, quand la vie est là, qui vous presse de changer pour être heureux ou le redevenir?
Bon, bon, bon.
Il est vrai que nous sommes toujours entre les deux : le fixisme dans des attitudes ou des pensées - voire des fidélités - ne permet pas d'épouser la souplesse de la vie, cette vie unique qui nous emporte en effet dans ses vagues toujours changeantes, toujours nouvelles. Le fixisme, c'est la mort.
Mais alors pourquoi promet-on des choses "pour la vie"? Pourquoi y a-t-il dans l'être humain cette espèce de désir du "pour toujours", s'il n'est qu'une illusion finalement desséchante?
Risquons une hypothèse : si ce désir du "pour toujours" habite le cœur humain, c'est qu'il correspond à quelque chose de vrai et de bon. S'il n'est pas au pouvoir de l'être humain de le réaliser soi-même, parce que la vie est trop difficile, trop fluante, trop changeante, c'est qu'il doit aller pour cela frapper à une autre porte que la sienne.
Nous venons ici, amis lecteurs, de faire sans le savoir l'éloge de la métaphysique, qui va chercher "meta", "au-delà de"...
Nous venons de nous souvenir de Platon et de Socrate, le premier racontant comment le second (au Vème siècle avant notre ère!) alla frapper à la porte de la divinité de Delphes pour être introduit à l'intelligence de lui-même, de sa propre destinée. Nous venons d'évoquer une humanité qui doit chercher  jusque chez les dieux (ou chez le dieu, ou chez Dieu) pour entendre quelque chose à elle-même... et se débrouiller dans ses désirs!
Nous venons de parler de la vie "spirituelle", qui réclame à un Autre que soi de venir en soi faire le travail que soi-même ne peut pas faire, tout désireux qu'il soit de le faire.
Quand je lis l'évangile de Matthieu (Mt 5, 37) et l'injonction que  Jésus y fait d' un "oui" ou d'un "non" fermes, ou la même recommandation reprise dans la Lettre de Jacques (Jc 5, 12), je me dis que nous ne nous en sortirons pas, dans cette société et cette culture où chacun vogue toujours au gré de ses désirs contradictoires, sans passer par la case de la "vie spirituelle", de la "vie intérieure" et de ce qu'elle offre comme apaisement.
Mais comme chantait l'autre (Joe Dassin, je crois, duquel je propose ici une interprétation sans doute inattendue) : "Qu'il est long, qu'il est loin, le chemin, papa!"

vendredi 1 février 2013

Sur la Chine, lisez donc!

Paraît ces jours-ci, chez l'excellent éditeur François Bourin, la traduction de l'époustouflant récit du dissident chinois Liao Yiwu, sous le titre "Dans l'empire des ténèbres". Il y raconte les vétilles qui l'ont conduit à passer pour un "contre-révolutionnaire", son incarcération pendant des années dans une cellule de douze mètres carrés (à dix-huit, puis à trente-quatre prisonniers), les sévices subis (exemple - âmes sensibles s'abstenir - la "tête de tortue" : le détenu se voit insérer un grain de poivre dans son prépuce, qu'on ficelle ensuite pour, si j'ose dire, améliorer la souffrance : insondable génie humain en ce domaine!)  A quoi nous ajouterons les rebuffades d'un autre type subies aussi en Europe lorsque, pour des raisons commerciales, on rechigne au Ministère Français de la Culture à faire la promotion de son livre, pour ne pas gêner le grand partenaire asiatique.
On peut acheter et vendre, mes frères.
Mais peut-on vendre son âme?
Cela,  au moins, achetez-le de confiance, ou procurez-le vous, et,  vite, lisez : c'est le nouvel "Archipel du Goulag"!

LIAO YIWU, Dans l'empire des ténèbres. Un écrivain dans les geôles chinoises, trad. Gao Yun, Marc Raimbourg et Marie Holzman, Paris, François Bourin Editeur, 670 pp., 24 euros.

(Bon, trois messages en une soirée : me voilà tranquille. Avez-vous compris que les deux précédents marchaient ensemble?)

La conversion, son bienfait méconnu

Bientôt, nous entrerons en Carême. Ce n'est pas un temps de pénitence au sens bébête où on me l'a raconté quand j'étais petit (pas de chocolat, gnani, gnana, je sais pas où l'on est allé pêcher que le chocolat était interdit. Qu'est-ce qu'on nous a bassinés avec des conneries, tout de même! - A cet égard, vous ne m'entendrez jamais répercuter, chers paroissiens d'Enghien et de Silly, les consignes reconduites d'année en année par la Conférence épiscopale sur le jeûne du mercredi des cendres et du vendredi-saint : le jeûne, ce serait, paraît-il, se contenter d'un repas complet et de deux collations sur la journée! Moyennant quoi, je jeûne tous les jours! Quand on veut légiférer jusqu'au détail de l'alimentation des personnes, on en arrive à ce genre de rigolade. Le jeûne, c'est s'abstenir de manger et de boire, c'est une excellente pratique spirituelle si on en est capable, mais à condition qu'elle reconduise à l'essentiel, ok?) Et revenons donc aux choses sérieuses, c'est-à-dire au Carême, à la conversion au Christ, qui est le cœur de cette période "catéchuménale" dans laquelle, accompagnant les futurs baptisés de Pâques, nous redécouvrons combien le Christ, pour nous, est la Vie. Tout y concourt : liturgie, conférences, soirées musicales, sens renouvelé de la diaconie - du service des plus pauvres -, prière, intériorité, patience dans la vie conjugale ou familiale (ou paroissiale? tiens...), jeûne alimentaire donc, mais si on peut le vivre sérieusement, etc.
Revenir au Christ, à la source même. Je n'aurai de cesse de faire connaître saint Augustin et, comme on dit, "sa vie, son œuvre", en particulier ses "Confessions" (il les rédigea en 399, à 45 ans). Au Livre VIII, par exemple, ceci, qui nous concerne, pour le Carême (il a entendu, raconte-t-il, Ponticien, l'un de ses amis, dire pourquoi il voulait se convertir au Christ, et cela a résonné dans son cœur indécis comme jamais auparavant) : "Et toi, Seigneur, au beau milieu de ses paroles, tu m'as fait pivoter sur moi-même. Je me tournais le dos. Je ne voulais pas me regarder. Tu m'a forcé à me faire face. Voir comme j'étais dégoûtant, difforme, sordide, sale et couvert d'ulcères. Je me suis vu. Horreur. Et nulle part où échapper à moi." (Conf., VIII, 16) Eloge de la lucidité, de la vérité sur soi. Nous ne nous connaissons pas : le Christ nous éclaire sur nous-mêmes, sans nous désespérer de ce que nous sommes, mais avec un regard en même temps si bienveillant, si amical.
Saint Augustin m'a appris à ne jamais désespérer de moi. Ni de personne (pas même des crétins que je dénonce ici de temps en temps, car je suis moi-même très souvent crétin). Il m'a appris à ne pas céder à la dépression en moi, à cette "horreur" de moi que j'ai apprivoisée grâce à lui. Au fait, ce n'est pas tant saint Augustin, que le récit magnifiquement écrit de son expérience, et qui seize cents ans après retentit toujours comme une nouveauté à mes oreilles de lecteur et d'admirateur (je l'ai déjà dit : le Collège d'Enghien sait-il la hauteur de son patronage?) Ce n'est pas tant saint Augustin, non, c'est le Christ, c'est la perpétuelle nouveauté, la magnifique jeunesse du Christ que saint Augustin, et moi, et vous, amis lecteurs, à travers l'épaisseur des siècles, découvrons chaque jour, éblouis...

Le mal, son ampleur méconnue

Méditation sur le mal, sur son ampleur méconnue.
Aujourd'hui, à des personnes qui me demandaient : "Mais enfin, pourquoi prenez-vous ainsi parti, sur votre blog, pour la Reine Fabiola?", j'ai répondu ceci :

"Pouvez-vous me dire, exactement, le mal qu'elle a fait?" (Réponse embrouillée, oui, non, rien d'illégal, mais enfin, l'exemple, vous comprenez. "Exemple de quoi? A-t-elle, oui ou non, fait le mal?" Réponse à la fin : "Ben au fond, non, elle n'a rien fait de mal.")

Deuxième question : "Pouvez-vous, vous mettant cinq minutes à sa place, imaginer le mal qu'on vient de lui faire?"

Restons sur ce silence...