mercredi 13 février 2013

Saint Augustin, encore, pour un bon Carême

Le mercredi des Cendres qui ouvre liturgiquement le Carême - aujourd'hui - nous invite à considérer notre intériorité (le Père qui voit dans le secret de la chambre personnelle, pour reprendre l'expression évangélique) : c'est le commun dénominateur des trois attitudes du jeûne, de la prière et de la charité qui caractérisent ce temps préparatoire à Pâques, attitudes qui n'ont pas en elles-mêmes leur finalité, mais ont pour but de reconduire au plus intime de soi.

Difficile exercice. Gageons que saint Augustin, encore lui, lui encore une fois, nous y aidera. Au Livre X de ses Confessions, il se demande comment ne pas s'enorgueillir des regards admiratifs qu'on lui porte, comment les recevoir. Etrange question, qui le reconduit... à sa vie intérieure. L'extériorité du regard qu'on porte sur lui doit être reçue dans son intériorité et - ceci est important - en fonction du bien d'autrui, car la charité reste le critère de tout. (La vie intérieure, chez les chrétiens, n'est pas simple introspection du "moi" priant, elle est toujours régulée par le service de l'autre).

Ainsi écrit-il  :

" Je ne dois être sensible à l'admiration qu'on me porte que si elle est utile à mon prochain, et non à moi. Je ne sais pas si j'en suis déjà là! J'en connais moins sur moi-même que toi. Je t'en supplie, mon Dieu, dénonce-moi à moi-même, pour que j'avoue à mes frères, qui prieront pour moi, toutes les déchirures découvertes en moi. Mais si je ne dois être sensible à l'admiration qu'on me porte que si elle est utile à mon prochain, pourquoi suis-je moins sensible aux critiques injustes que reçoit quelqu'un qu'à celles qu'on m'adresse? Pourquoi l'injure est plus mordante contre moi que contre un autre, alors qu'elle est tout aussi injuste? Ca aussi, je l'ignore. La seule réponse possible serait que je suis mon propre séducteur, que je ne fais pas la vérité avec toi, ni dans mon cœur ni dans ma langue.
Eloigne de moi cette maladie, Seigneur!
Ce qui sort de ma bouche ne doit pas devenir l'huile du péché sur ma tête!"

(AUG., Conf., X, 62)

Voici des  propos décisifs sur le combat spirituel, non?
Et probablement de quoi  nourrir quelques confessions sacramentelles pour ceux qui n'auraient pas d'idée sur la question (genre : "Vous savez, mon Père, à mon âge, on ne pèche plus!", ce qui semble indiquer une singulière réduction du péché à des performances que l'on voit s'éloigner avec nostalgie...)
Bon Carême à tous!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire