jeudi 2 janvier 2014

1914-2014

C'était il y a cent ans bientôt, donc, et j'imagine que dans l'année qui s'ouvre les occasions ne manqueront pas de rappeler les circonstances du basculement de l'Europe à partir du 28 juin 1914... Que s'est-il passé ce jour-là? On le sait : l'héritier du trône impérial d'Autriche-Hongrie, l'archiduc François-Ferdinand, et son épouse Sophie, sont assassinés par des nationalistes serbes à Sarajevo. Il est vrai que la situation des Balkans a toujours été explosive : les "nationalismes" s'y déchaînent, chaque peuple ou supposé tel revendiquant "sa" nation indépendante (Serbes, Albanais, Macédoniens, etc.), plus ou moins explicitement soutenu par les grandes puissances qui se partagent l'Europe en ce temps-là : la France, l'Empire d'Allemagne, l'Empire Austro-Hongrois, l'Empire Russe, l'Empire Britannique...
François-Ferdinand était précisément présent ce jour-là à Sarajevo pour affermir les liens entre les Serbes et Vienne. Tout le mois de juillet sera consacré au type de riposte que le vieil Empereur François-Joseph veut exemplaire : un ultimatum de soumission des Serbes à l'Empire. Il sait qu'il peut compter sur l'appui de l'Empereur Guillaume, d'Allemagne. Mais les Serbes sont orthodoxes, et soutenus à ce titre par le cousin de Guillaume, le tsar Nicolas II de Russie (ils sont tous les deux les petits-fils de la Reine Victoria d'Angleterre), qui verrait bien son Empire accéder à la Méditerranée. Et la République Française se présente comme une "alliée naturelle" de la Russie - il faut dire qu'elle a une revanche à prendre sur l'Allemagne après la défaite de Sedan en 1870. Et la Grande-Bretagne, qui voit d'un mauvais œil l'alliance des Empires autrichien et allemand, veut maintenir sa suprématie maritime dont elle pense qu'elle est menacée par l'Allemagne... Comme on dit à Enghien : on voit le bazar! Et le bazar en effet va péter, entraînant l'Europe puis le monde dans l'un des conflits les plus sanglants que la planète ait connus, un conflit du reste mal résolu en 1918, si bien que couveront tout de suite les tentations de revanche qui conduiront à la seconde guerre mondiale.
Cent ans, ce n'est rien.
Le monde, et l'Europe, ont-ils vraiment changé? A certains égards, très peu.
Les nationalismes sont résurgents, partout (je répète encore une fois la formule de Mitterrand, souvent citée dans ce blog, et qui se comprend peut-être mieux après ce qui précède : "Le nationalisme, c'est la guerre!"), y compris, on le sait, chez nous; chacun veut "son" espace vital, son indépendance, sa "nation". Les Empires fédérateurs existent encore, et leur unité est toujours menacée par ces résurgences nationalistes : l'Union Européenne en est un, un Empire économique et pas assez politique, qui sans doute déçoit certains de ses citoyens et contre lequel se battent les partis extrémistes de tout poil (voir la hargne du FN français contre l'Europe accusée de tous les maux); la Russie en est un autre, qui voudrait garder son influence sur des pays satellites (comme l'Ukraine); la Chine, évidemment, un troisième; les USA, un quatrième. Ces empires se savent menacés par les tentations nationalistes et terroristes, aujourd'hui plus qu'hier colorées de revendications religieuses (en particulier, celles d'un certain Islamisme).
Cent ans après, les mêmes mèches qui ont servi à enflammer l'Europe et le monde sont toujours là, prêtes à être allumées.
En Europe, nous avons la chance de vivre dans des démocraties où le peuple, souverain, choisit ses représentants et la politique qu'il veut mener.
Au fait, 2014 ne sera-t-elle pas, entre autres, une année électorale?

Aux urnes, citoyens!

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