samedi 7 juin 2014

Nous vivons de l'Esprit

C'est l'Esprit Saint qui nous fait vivre.
La phrase a l'air banale, je voudrais essayer de dire ici ce qu'elle signifie pour moi.
Pour moi, donc, elle veut dire à peu près ceci : je ne pourrais pas vivre aujourd'hui sans être chrétien. Je connais et reconnais les failles innombrables de l'institution catholique - et j'en pleure à genoux quand les scandales sont effrayants.
Mais le Christ est ma vie. Je ne pourrais pas vivre sans lui, sans sa présence quotidienne, sans la célébration toutes les heures, tous les jours, tous les ans recommencée, de son amour.
Non, je ne pourrais pas : ne pas célébrer la Liturgie des Heures, au quotidien; la messe, au quotidien; la prière silencieuse dans ma chambre, au quotidien; la récurrence des moments liturgiques, année après année - temps de l'Avent et temps de la Nativité; temps du Carême et Cinquantaine pascale, et les autres fêtes de la Vierge et des Saints.
Mon cœur est profondément trouble, comme, je suppose, celui de tous les êtres humains, tiraillés entre de terribles tensions, les "tourbillons de vanité" que chante une hymne de Pentecôte, et il y a en moi des gouffres de méchanceté et de bêtise sur lesquels je n'ai même pas encore osé me pencher. Je crois que Rousseau est un imbécile, qui prétendait que "l'homme est bon par nature". L'homme est un étrange animal, plutôt du genre crétin - de ce point de vue, l'affirmation chrétienne, augustinienne, du "péché originel" me convient tout-à-fait - et ce qui est bon en lui, eh bien je crois que cela vient de Dieu.
De l'Esprit de Dieu, qui certes déborde dans son Souffle les institutions catholiques et donne, où il veut, de la Vie, de la Vie, de la Vie, de cette Vie que Jésus a annoncée non tant par ses discours que par sa propre Vie, par sa mort aussi et surtout par sa Résurrection.
Oui, nous vivons de l'Esprit de Dieu.
C'est étrange de dire cela sur un média, internet, et dans un monde - notre monde - qui, a priori, s'en fout. Pourtant, je crois que tout ce qui est bon dans l'être humain, dans sa culture, dans sa générosité, dans son altruisme, dans le respect de son monde, oui, que tout cela vient de l'Esprit de Dieu, et qu'on le reconnaisse ou non n'a guère d'importance. C'est le fait qui est important.
Je passe ma vie à l'Université à enseigner ces choses-là à mes étudiants, en regardant avec eux ce que l'Esprit de Dieu a provoqué comme comportements, comme pensées, comme paroles et comme écrits chez un certain nombre de personnes que l'on appelle précisément pour cela des "spirituels" : entre autres, Origène et Augustin, Benoît de Nursie et Bernard de Clervaux, Hildegarde de Bingen et Thérèse d'Avila, Edith Stein et Etty Hillesum... Des merveilles d'humanité.
Ce soir, à Thoricourt, j'ai conclu la Cinquantaine pascale en éteignant, après la messe de la Pentecôte, le Cierge pascal.
La flamme est maintenant au plus intime de chacun.
Invisible.
Présente.

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