samedi 2 août 2014

Dieu, notre nourriture

De multiples façons, Jésus a cherché à nous dire qui est Dieu.
Voilà, au fond, ce que raconte la foi chrétienne.
La critique moderniste a beaucoup épilogué sur la véracité historique des faits et gestes de Jésus : je suis en train de relire - trente-cinq ans  ans après première lecture, quand j'étais au Séminaire! - l'admirable "Augustin ou le Maître est là", de Malègue, récemment réédité, et qui reprend si bien les tenants et aboutissants de cette période, en relevant les questions de fond qu'elle pose (dont je crois que quelques-unes d'entre elles, au moins, ont été résolues avec le temps, avec le siècle qui a passé, précisément parce qu'il a été critique.)
Reste, comme disait Pascal, "le mystère de Jésus".  Une fois qu'on sait qu'il a vraiment vécu, qu'il a dit ou fait ceci ou cela, etc., on franchit un pas de plus - un pas essentiel - en disant avec la foi chrétienne que cet homme-là est Dieu. Qu'on ne peut rien savoir (ou en tous les cas, rien savoir de mieux) à propos de Dieu qu'en le regardant, qu'en l'écoutant, qu'en devenant son contemporain, puisqu'il est vivant avec nous, ressuscité et, loin d'être un souvenir, présent plus que nous-mêmes à nos vies.
Cela pose des tas de questions que la théologie essaie de traiter : pourquoi lui et pas un autre? On épiloguera là-dessus tant qu'on voudra!
Mais, dans la foi, on est heureux de se dire : mieux vaut lui que n'importe quel autre!
Et, notamment, parce que, si c'est vrai que cet homme-là nous raconte ce qu'est Dieu, qui est Dieu, alors la face de Dieu change absolument dans l'univers mental des humains. Il n'est plus une espèce de despote hyper-puissant gouvernant de haut nos pauvres destinées. Il n'est plus un Juge inflexible qui nous attend de l'autre côté avec le bâton de sa vindicte (même s'il reste un Juge, évidemment, mais seulement de notre charité : voir Mt 25!), il n'est même plus une nounou consolatrice apaisant nos peurs sur sa poitrine généreuse.
Au-delà de toute représentation, il est Celui qui est plus proche de nous que nous-mêmes.
La nourriture de notre désir et de nos volontés les plus bienveillantes, capables de nourrir l'humanité entière avec la petitesse de nos capacités - mais non sans elles : "Donnez-leur vous-mêmes à manger!" (Mt14, c'est l'évangile lu ce dimanche...)
Je ne connais pas de révélation (car c'en est une : comme dit saint Paul, "ça, on n'y aurait pas pensé" - je simplifie le propos, voir la Première aux Corinthiens) plus digne de l'homme, plus capable de l'accomplir dans tout ce que réclame, dans tout ce que supplie son humanité la plus haute.

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