mardi 23 septembre 2014

La vraie question est celle de la foi...

Rencontre d'EAP hier soir et, venant d'une paroisse rurale, longue interrogation autour des communautés locales modestes et de leur éventuelle "absorption" dans un ensemble trop vaste. J'entends bien le souci, mais à mon sens, la question est ailleurs. Elle est dans la disparité de plus en plus grande entre les convictions communes de nos contemporains et les propositions de la foi chrétienne.
Résumons-nous :

1° D'un côté, donc, la foi chrétienne : le Christ est ressuscité des morts, premier-né des morts. Cet homme qui a vécu il y a deux mille ans dans la foi juive, pétri pendant trente ans des prophéties et des attentes messianiques, cet homme qui a prêché un "salut" de l'humain par ses actes et par ses paroles, a été tellement incompris de son temps qu'on l'a éliminé physiquement. Après quelques jours de stupeur, de crainte et d'enfermement, ses proches ont prétendu le rencontrer vivant, non qu'il ait repris sa vie humaine antérieure seulement, mais parce qu'il inaugure une Vie nouvelle, absolument inédite, et désormais non susceptible de mourir. Ce faisant, il révèle de Dieu un visage  lui aussi absolument inédit, -  déconcertant. Un visage qui change tout, par ricochet, de la conception que l'être humain peut avoir de lui-même, de son origine et de son terme, de ses relations et de ses valeurs.  C'est exactement cela que les chrétiens d'aujourd'hui proclament,  en appuyant leur conviction sur le témoignage de ces premiers témoins. Aux yeux du "monde" (non seulement d'aujourd'hui, mais de tous les temps, à leur époque comme à la nôtre), c'est une folie (saint Paul parle à juste titre de la "folie de la prédication.")

2° D'un autre côté, donc, la foi du monde : la vie est courte et il faut en profiter, elle se limite à elle-même, il importe d'en soigner les bons côtés le plus et le mieux possible (médecine qui prolonge, attention  portée à l'environnement, solidarités avec tous, services humanitaires, etc.) La mort est la fin, une fin souhaitable et qu'il faut même hâter si la vie n'est plus source de (ré)jouissance. Les rêveries des chrétiens ou des autre religions sont des stupidités, qui plus est souvent dangereuses car fauteuses de troubles et alimentant les guerres quand elles sont utilisées à des fins politiques, et elles coûtent cher (voir chez nous l'entretien, par les fonds publics, de bâtiments du reste désertés de plus en plus.)

3° Les gens qui, chez nous, fréquentent encore les églises ou leur demandent quelque chose, sont pour l'essentiel dans la catégorie numéro 2 : ils demandent des bénédictions ou des protections ou des fêtes de familles un peu solennisées, mais n'ont aucune idée de la catégorie numéro 1 et, la plupart du temps, n'ont aucune envie qu'on leur en parle et qu'on leur dise que la foi chrétienne consiste en cela.

4° Toutes les difficultés viennent de cette disparité entre le numéro 1 et le numéro 2. Tout  : gestion difficile des bâtiments, peu de monde à des célébrations récurrentes, pastorale des baptêmes, des mariages, des sacrements de la foi (eucharistie, confirmation) ou des funérailles, difficultés éventuelles avec les pouvoirs publics, etc., tout vient de là.

5° A partir de là, commencer à réfléchir à ce que l'on veut proposer comme pastorale chrétienne dans nos régions pour les années à venir. Mais sachant, donc, que la vraie question n'est pas la "morale" des chrétiens, ou je ne sais quoi d'analogue,  mais leur foi.

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