mercredi 15 octobre 2014

"La Madre"

Nous avons célébré aujourd'hui la mémoire de sainte Thérèse d'Avila, née en 1515 - commence donc aussi l'année jubilaire du cinq-centième anniversaire de sa naissance.
Espagnole jusqu'au bout des ongles, femme comme on n'en fait plus - vraie tigresse si nécessaire! - Thérèse est une immense figure de la foi catholique. Son autobiographie spirituelle est l'un des monuments de la littérature mystique mondiale, qui dépasse de loin les frontières de la "religion" catholique. En 2008, l'excellente psychanalyste Julia Kristeva - athée ou, comme elle dit, "post-chrétienne", mais avec une grande empathie et une belle connaissance de la foi au Christ - lui a consacré une somme de 750 pages, que je trouve être une remarquable étude  : Thérèse, mon amour! (Fayard, 2008).  Lors d'une conversation privée que j'avais eue alors  avec Julia Kristeva, à la sortie de son livre, je lui avais demandé si - c'était ce que je comprenais de son texte, écrit avec érudition et révérence - se rendre capable de suivre Thérèse et ses enseignements aujourd'hui équivalait à une bonne psychanalyse. "Mais ça vaudrait beaucoup mieux!",  fut la réponse!
Alors, pour conclure cette journée - qui n'a pas manqué de tristes nouvelles, et en particulier l'annonce du décès, après une brève maladie, de Christine Cambier, qui fut si dévouée à la vie de nos paroisses, et surtout à celle de Bassilly -, pour s'endormir dans la paix du Christ et faire l' "examen de conscience" qui doit nécessairement présider à tout sommeil, pour aider, avant de sombrer dans l'oubli de la nuit, à la remise critique de soi-même entre les mains d'un Dieu aimant, voici quelques mots de la Madre :

      "Connaissons notre misère et souhaitons d'aller là où 'personne ne nous méprise', comme je me rappelle l'avoir quelquefois entendu dire à l'Epouse dans les Cantiques; et en vérité je ne trouve rien dans toute la vie qui se puisse dire à plus juste raison, parce qu'aucune des avanies et des souffrances qu'il peut y avoir dans la vie n'approche, selon moi, de ces batailles intérieures. On peut supporter n'importe quelle angoisse, n'importe quelle guerre, si on trouve la paix là où l'on vit, comme je l'ai déjà dit, mais que nous voulions venir nous reposer des mille fatigues que nous cause le monde, que le Seigneur veuille bien nous ménager ce repos, et que l'obstacle soit en nous-mêmes, voilà qui ne peut manquer d'être fort douloureux, et quasiment insoutenable!" (Le Château intérieur., IVes Demeures, I, Gallimard, Pléiade, 2012,  p. 559).

     J'ajoute que, au nom de nos communautés paroissiales, j'adresse mes vœux aux Sœurs Carmélites que nous connaissons et qui prient pour nous, et, en particulier, aux Sœurs de Floreffe, ces filles de Sainte Thérèse auxquelles nous attachent des liens si étroits de fraternité et d'affection!

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