lundi 16 février 2015

Ne pas se laisser impressionner par le mal...

A chaque jour son horreur nouvelle : le soi-disant "Etat islamique" décapite, enferme dans des cages des enfants chrétiens qu'il va brûler vifs comme il l'a fait avec le pilote jordanien, précipite du haut d'un immeuble des types soupçonnés d'être gays, et on en passe... On dirait un concours de salauds et on risque d'oublier que d'autres, il n'y a pas si longtemps, ont joué des mêmes terreurs : dans les sinistres camps dont on vient de fêter la libération, certains nazis (à l'origine bien chrétienne, et bons catholiques) s'amusaient à fabriquer des lampadaires en peaux de juif...
Ce n'est pas telle ou telle nation, ni telle ou telle race, ni telle ou telle religion, qui est cruelle.
C'est l'humanité qui est marquée par le mal - ce mal "originel", ce mal d'avant la faute, si justement décrit par Augustin.
Il faut résister au mal, c'est-à-dire d'abord, ne pas se laisser impressionner par lui. Le nommer. Lui faire face. Dénoncer, bien sûr, empêcher autant que possible, aussi. Mais surtout lui faire face.
Le Christ fait face au mal, sans concession, sans peur, en sachant par avance que ce mal le tuera.
(La crucifixion, dans la gamme des tortures et des sadismes, ce n'est pas rien non plus...)
Il crie jusqu'au bout sa soif d'une autre humanité, il demande pardon, il intercède. Il aime. Oui, il aime ces salopards qui ont ri de le voir livré aux bourreaux stupides et aux petits jeux politiques de son temps.
C'est là que s'origine la force chrétienne, la force "dans la faiblesse" (dira saint Paul), la seule force efficace contre le mal. Il n'y en a pas d'autre, en tous les cas sur le long terme, il n'y a pas d'autre guérison profonde que celle du cœur humain apprenant à aimer au jour du Vendredi-Saint.
Ces malades de Daesh disent "Nous tuerons les peuples de la Croix", désignant ainsi les chrétiens. Et nous disons, doucement, avec une infinie compassion parce qu'ils sont aussi nos frères : "Oui, nous sommes les peuples de la Croix", nous avons trouvé dans le Christ en Croix la seule manière de faire reculer les ténèbres du mal - oh! nous n'y avons pas toujours été fidèles dans l'histoire, ça, c'est sûr, parce que le mal a beau jeu de se lover dans les meilleures intentions, et nous avons été cruels comme les autres, et nous n'avons de leçon à donner à personne. Mais nous sommes et nous resterons les peuples de la Croix.
Si somos todos de la banda del Crucificado, "Nous sommes tous de la bande du Crucifié", écrivait la Madre Thérèse d'Avila dans une Correspondance de 1577. Nous n'avons pas d'autre regard sur le mal que celui du Crucifié. Pas d'autre victoire - mais c'est la résurrection.

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