mardi 10 mai 2016

La honte dans les prisons de notre pays

Ce que révèle la grève importante du personnel pénitentiaire, chez nous, en dit long sur un malaise plus général qui gangrène notre pays et ses institutions. Les prisons constituent un domaine "régalien" - c'est-à-dire l'un des secteurs où l'autorité de l'Etat doit s'exercer absolument (comme les finances, ou les affaires étrangères, par exemple.) Or nous voyons un Etat faible, incapable d'assurer les droits humains fondamentaux des prisonniers, leur entretien quotidien, leur confort minimal, leur propreté et leur hygiène, etc. Cette incapacité n'est pas que temporaire : elle renvoie à un manque récurrent de bonne gestion, depuis des années voire des décennies : surpopulation, trafic de drogues sur lequel on ferme les yeux, radicalisation islamiste favorisée par le regroupement mal discerné de certains détenus, j'en passe. La prison manque à ses devoirs - car elle a des devoirs, régulièrement rappelés et par exemple dans l'ouvrage magistral et déjà ancien du philosophe Michel Foucault, Surveiller et punir (Gallimard, 1975) : certes punir, en effet; protéger la société mais surtout réinsérer le délinquant et le rendre à la vie sociale, puisque le tribunal a jugé que c'était là chose possible après quelques années d'éloignement.
Nous n'y sommes pas  : j'entendais et voyais ce soir, à la télé, des reportages dans lesquels l'état des prisons et des prisonniers était décrit par des visiteurs impartiaux. Quelle honte! Des rats, des cafards, de la merde partout, et le reste.
Je n'oublie pas, dans cette année jubilaire de la miséricorde, que l'une des œuvres extérieures de la miséricorde consiste à "visiter les prisonniers". Non seulement pour leur dire bonjour, évidemment, mais pour leur témoigner la présence et la compassion de Dieu, et sa volonté de pardon, de don par-delà les fautes commises et reconnues. "J'étais en prison, et vous m'avez visité" dit Jésus (Mt 25) comme l'un des critères de vie éternelle pour ceux qui croient en lui, s'assimilant lui-même aux personnes emprisonnées.
A ce double titre de chrétien et d'être humain, je plaide pour que les prisonniers de notre pays soient simplement traités dans la dignité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire