samedi 20 août 2016

La porte étroite, la prétention...

La page d'évangile lue ce dimanche (Lc 13, 22-30) nous montre un Jésus qui répond volontairement à côté de la plaque. A la question : "N'y aura-t-il que peu de monde à être sauvé?", question portant sur le nombre, il répond sur la manière et l'origine du salut.
Car le nombre, c'est le mystère de Dieu, un mystère de miséricorde qui nous échappe, et quand bien même nous jugerions les autres, ou nous-mêmes, indignes du salut, "Dieu est plus grand que notre cœur, et il sait toute chose."
Laissons donc, comme Jésus, le débat sur le nombre, qui préoccupa pourtant certains théologiens de haut vol -  saint Augustin par exemple estima un jour qu'il y aurait beaucoup de damnés, histoire d'augmenter le bonheur des élus : on le connaît mieux inspiré!
Non, la question, dit Jésus, c'est la manière : celle de la porte étroite. Et cette question devient dès lors : comment passer par une porte étroite?
Il n'y a qu'une réponse : il faut maigrir. Les obèses n'ont aucune chance. Ni ceux qui sont trop encombrés par leurs bagages : il faut les lâcher.
Pas question ici d'invoquer ses origines  et son appartenance - Jésus s'adresse à un interlocuteur juif, tenté peut-être de penser qu'appartenant au Peuple "élu", l'affaire est pour lui dans le sac. Que non! L'élection du Peuple saint est certes le début d'une magnifique alliance, mais elle est une mission - celle d'annoncer au monde entier le bonheur du salut - et en aucun cas un privilège. Dès lors, "beaucoup viendront de l'orient et de l'occident, du nord et du midi, prendre place au festin."
Il ne faut pas non plus invoquer ses bonnes pratiques cultuelles : "Nous avons mangé et bu avec toi!", sous peine de s'entendre dire : "Je ne vous connais pas, vous qui pratiquez l'injustice!" Il ne suffit pas d'être chrétien, oh que non, ni même de participer fidèlement à la table eucharistique.
Aucune prétention ne sera admise. Aucune arrogance n'est possible, devant la porte étroite du salut.
Une seule consigne : pratiquez donc la justice.
Quels que soient votre foi, votre incroyance, votre religion, votre athéisme, votre passé, votre présent, votre jugement sur vous-même, et sur les autres, votre peu de considération sur vous-même, et sur les autres,  votre âge et votre milieu culturel, votre pays et votre métier, vos convictions politiques et votre indifférence : pratiquez la justice.
C'est la seule manière de se faufiler, jour après jour, à travers la porte étroite du salut. Jésus ne dit pas qu'elle est difficile - car la pratique de la justice, de la droiture, souvent est plus facile que les dévoiements retors de la malhonnêteté et de l'injustice. Mais Jésus dit qu'elle est "étroite" : désencombrez-vous, même de vos bonnes œuvres, de celles qui sont prétendues telles, de vos appartenances et de vos bons droits, et recommencez quotidiennement à essayer d'être justes.
Il n'y a pas d'autre voie.

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