mercredi 3 août 2016

L'extrémisme catho en délire contre le pape

Dans l'avion qui le ramenait de Cracovie à Rome, le pape a, comme de coutume, donné une conférence de presse. Dans l'une de ses réponses, il a fait valoir qu'à ses yeux, l'Islam ne pouvait être dit "violent", mais simplement qu'il y avait des musulmans violents comme il y a des catholiques violents.
Des "cathos" d'extrême-droite, sur la "blogosphère", du coup, se lâchent : le pape serait un traître, il doit démissionner, etc.
L'intérêt de ces réactions, c'est qu'elles dévoilent leur vrai visage : ces gens-là sont mimétiquement identiques aux extrémistes qui se réclament de l'Islam, avec une vision de l'autre - des autres - idéologique et nauséabonde. Ce qu'ils ne supportent pas, c'est la différence, c'est une société métissée où le principal art de vivre consiste en l'acceptation bienveillante et réciproque de la différence de l'autre. Ce à quoi ils n'ont pas renoncé, c'est à un esprit de conquête qu'ils confondent avec l'annonce désintéressée et joyeuse de l'Evangile. Ce qu'ils ne veulent pas comprendre, c'est que la confusion entre le politique et la religion - mettons, la "chrétienté" - n'est plus un modèle souhaitable aujourd'hui. Ce dont ils sont d'indécrottables nostalgiques, c'est du pouvoir exercé au nom de la foi, de l'alliance toujours dangereuse entre le sabre et le goupillon. Et comme ils sont enfermés dans leur raisonnement totalitaire, même si le pape leur dit qu'ils sont dans l'erreur, ils estiment que c'est le pape qui a tort et qui n'est pas chrétien : on voit le degré de leur  culot et de leur aveuglement!
Une religion, faut-il le rappeler, n'est pas en soi "bonne" ou "mauvaise". Les textes sacrés d'une religion sont en outre ce qu'ils sont : dans la Bible juive, dans la Bible chrétienne, dans le Coran, il y a des passages d'une violence inouïe (et même dans le Nouveau Testament, contrairement à ce que l'on entend et lit quelquefois : "Allez-vous en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour vous depuis la création du monde", lit-on, par exemple, en Mt 25, lorsque Jésus parle du Jugement Dernier; et voyez les combats titanesques de l'Apocalypse!) Il ne s'agit pas de censurer ces textes, comme le préconise, et de façon, pardonnez-moi de le dire, un peu bébète, Monsieur Juppé qui prônait récemment une version du Coran compatible avec les valeurs de la France et qu'on a connu mieux inspiré. Il s'agit d'apprendre à interpréter, ou plus simplement, à lire ces textes d'une façon qui nous fasse tous marcher vers la Vie, et non vers la mort. Cela s'appelle : la théologie. Les événements tragiques que nous traversons nous invitent, me semble-t-il, à réintroduire la théologie, ses discussions, son érudition, dans le concert des disciplines indispensables à une vie commune et pluraliste harmonieuse. Monsieur Valls, actuel Premier Ministre Français, déclarait récemment dans je ne sais plus quel hebdomadaire, que la France devait devenir un pays de référence et d'excellence en matière de théologie musulmane et de réflexion théologique dans le dialogue interreligieux, sans que cela n'entrave en rien, au contraire (disait-il toujours), le caractère laïc de la République. Il me semble qu'on entend là des propos plus justes - que certains amis, qui lisent ce blog, se rassurent : cela ne signifie pas que, si j'étais Français, je voterais Valls plutôt que Juppé, hein! On est ici dans la réflexion.
Et il y a de quoi réfléchir, et à deux fois, en effet... Pour que la théologie puisse jouer, dans nos sociétés, ce rôle indispensable, il faut : des lieux et des programmes de formation, une valorisation de ce qu'elle est, des diplômes reconnus par les Etats, un dialogue entre Facultés de Théologie et gouvernants, des liens interdisciplinaires entre les sciences religieuses et les autres sciences humaines (psychologie, philosophie,  sociologie, littérature, etc.)  En Belgique, on est en train de détricoter ce qui existe encore comme enseignement public de la religion, exactement à l'opposé de ce qu'il faudrait faire!
Ah oui, il y a de quoi réfléchir, et agir, surtout, pour apprendre à réfuter les positions extrémistes, en ce compris celles des soi-disant "cathos" opposés au pape, et essayer d'éviter, s'il en est encore temps, la "guerre des civilisations" vers laquelle certains se réjouissent de nous entraîner...

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