mardi 4 octobre 2016

Plaidoyer pour un enseignement libre...

Il y a quelques jours, dans un article de "La Libre Belgique", le Président du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Philippe Courard, plaidait pour un réseau unique d'enseignement dans cette Fédération. L'argument principal? Financier : on y gagnerait de l'argent, dit-il. Le Segec (Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique) a démontré depuis la caractère fallacieux de cet argument, et c'est très bien.
A mon sens, il faut aller plus loin : l'existence d'un enseignement "libre" ne doit pas seulement, ou pas d'abord, faire l'objet d'un enjeu financier. C'est une question de démocratie et de Droits de l'Homme. Il ne serait pas normal, il serait totalitaire, que seul l'Etat organise l'enseignement et l'éducation des enfants et des jeunes. Il est en revanche évident que divers courants philosophiques ou religieux ont le droit - à leurs yeux souvent même le devoir - d'organiser cet enseignement et cette éducation conformément aux valeurs et orientations qui sont les leurs, pourvu que celles-ci ne contredisent pas le bien commun. Il est même normal que, contribuant à ce bien commun, ces enseignements "libres" soient reconnus et subsidiés (au moins en partie) par l'Etat. Cette subsidiation partielle n'aliénant évidemment pas les bâtiments ou les moyens de l'enseignement libre, et l'Etat ne pouvant arguer de cet argent versé pour s'en "emparer" - ce serait du vol. (Ce n'est pas, semblablement, parce que l'Etat ou les Communes subsidient des clubs de sport qu'ils en deviennent les propriétaires...)
La richesse d'une démocratie, c'est la pluralité de ses convictions et c'est bien cette pluralité que l'Etat doit favoriser. Réduire à l'unique (une seule école, une seule religion - ou plus du tout de religion  - et pourquoi pas, un seul parti), c'est, on l'a vu dans le passé peu glorieux de certaines puissances voisines, amputer la dignité humaine des citoyens. Nous attendons des femmes et des hommes politiques de ce pays qu'ils favorisent le pluralisme, comme c'est la tradition chez nous, et même qu'ils en demeurent les gardiens jaloux, sans devenir jamais eux-mêmes les promoteurs d'idéologies contraires.
Faut-il, en conclusion, répéter encore l'article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948? Je le fais volontiers, jusqu'à ce que nous le connaissions tous par cœur :
"Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites."  Je souligne : "Tant et public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites." Peut-on être plus clair que ce texte admirable, patrimoine désormais commun de l'Humanité, sur lequel j'espère que nous fondons tous notre vivre-ensemble?

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