dimanche 11 décembre 2016

Oser parler de la joie...

Résumons-nous : un secrétaire d'état fédéral qui refuse d'exécuter une décision de justice, mettant ainsi en péril l'équilibre des pouvoirs essentiel à une démocratie comme la nôtre. Un ministre fédéral  (sévèrement) positif à un contrôle d'alcoolémie sur une Nationale (bon, il s'en excuse, mais toute de même). Un Prince de la Famille Royale qui crache dans la soupe et, alors qu'il reçoit une subvention généreuse de l'Etat (300.000 euros, ce n'est pas rien), dénigre le monde politique et les membres de sa famille qui, dit-il, l' "emmerdent". Ca, c'est chez nous, au niveau le plus haut de l'Etat.
Chez nous toujours, les revenus modestes qui ne cessent de devenir plus modestes de jour en jour, les soins de santé dans le viseur des économies budgétaires, les délocalisations massives qui ne trouvent pas d'alternative, laissant des familles entières sur le carreau (voyez Caterpillar).
On regarde ailleurs? On regarde ailleurs : fragilité croissante de l'Union Européenne, élections populistes un peu partout en son sein; victoire de la démagogie aux USA; Monsieur Poutine aux commandes en Russie; une dictature naissante et revendiquée en Turquie.
Et, ce dimanche soir, le constat que le terrorisme n'est pas mort : en Turquie et en Egypte, des victimes innocentes par dizaines.
La guerre, la guerre, la guerre, partout : Alep et ses enfants massacrés, le Congo et d'autres pays d'Afrique en sont quelques exemples.  Vraiment, la folie meurtrière des humains épargne peu notre planète (par parenthèse, nous voyons nous-mêmes très peu, nous qui nous plaignons toujours de tout, combien nous sommes à l'abri et combien est grande la tentation de nous replier sur nous-mêmes - à l'abri, oui, mais pour combien de temps?)
Alors, est-il raisonnable, comme le suggère la liturgie de ce troisième dimanche de l'Avent, celui qu'on appelait autrefois le dimanche de la Gaudete ("Réjouissez-vous"), oui, est-il raisonnable de prêcher la joie? Ou disons même pire : n'est-il pas indécent de le faire?
Raisonnable, je ne sais pas : la raison ne guide pas tout (heureusement!) Mais c'est évangélique : quelles que soient les circonstances extérieures, la joie vient à nous, et "Celui qui vient", qui ne cesse de venir, est un porteur de joie. De joie intense, spirituelle, de remise à neuf de nos cœurs, de leurs désirs, de leurs pulsions. La joie nous rajeunit du dedans de nous, du plus intime.
Elle nous fera traverser et fera de nous des gens accueillants aux souffrances de toutes sortes qui enlaidissent le monde et le meurtrissent comme une lèpre. C'est notre mission, humble, difficile, mais tellement essentielle. C'est la mission de l'espérance et, si nous la perdions, qui la raviverait?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire