jeudi 2 février 2017

Nos amis Français, indécrottables bonapartistes...

Ah! Nos amis Français! Vraiment des amis, et plus que des amis, des frères. Et pourtant, que de différences entre nous...
Ainsi sont-ils restés indécrottablement bonapartistes. Je veux dire par là, et pour résumer, qu'ils sont redevenus, avec De Gaulle, attachés à un système où le Chef de l'Etat doit être une espèce de Messie-Sauveur, émanation directe du Peuple qui garantisse à la fois sa grandeur et sa permanence. Or, à y bien regarder, cela peut arriver... mettons une fois par siècle, et encore, à peu près : Napoléon en effet; son neveu beaucoup moins; et, au XXème siècle, bien sûr, De Gaulle. Prenez les successeurs de De Gaulle dans la Vème République : ce ne fut pas toujours brillant, pas toujours "messianique". Et pourtant, tous les sept ans autrefois, tous les cinq ans maintenant, les Français "y croient". Un tapage médiatique assourdissant accompagne la candidature, la pré-sélection, la sélection, l'élection du "Premier d'entre eux"; à chaque fois, c'est comme si on recréait le monde; à chaque fois, ils s'empressent, après quelques semaines, de taper à qui mieux mieux sur celui qu'ils viennent d'élire.
Cette année-ci, ils font plus fort : ils s'empressent de taper sur ceux qu'ils n'ont même pas encore élus! Et au total il apparaît que personne n'a vraiment les qualités, l'honnêteté, l'intelligence et le programme requis pour exercer la fonction salvatrice, ce qui est tout de même ennuyeux.
Dans la plupart des autres pays de l'Union Européenne, le Chef de l'Etat est soit choisi par de grands électeurs (en Allemagne, en Italie),  soit prédestiné à la fonction par sa seule naissance (dans les monarchies constitutionnelles, entre autres chez nous, ou aux Pays-Bas, dans les Pays Scandinaves, en Espagne, en Grande Bretagne, pays dont on peu difficilement contester le caractère démocratique des Institutions.) Evidemment, les Chefs d'Etat ont alors beaucoup moins de pouvoirs que s'ils étaient élus au suffrage universel, se contentant d'un rôle plus représentatif, certains diront même plus décoratif - De Gaulle ironisait : "Inaugurer les chrysanthèmes." Les choses vont-elles mieux dans les pays en question? Oh, pas toujours : le parlementarisme a aussi ses corruptions (nous en savons quelque chose chez nous), l'économie - mondialisée, qu'on le veuille ou non - y connaît les mêmes faiblesses que partout, avec à la clé les mêmes drames sociaux.
Mais on n'y refait pas le monde tous les cinq ans, en se persuadant  que "tout va changer demain".
Manque d'audace? Manque d'envergure? Sans doute : nos pays (du Nord de l'Europe) sont finalement de grosses machines bourgeoises trop souvent en manque d'idéal, au réalisme un peu plat. Nous rêvons peu, et mal.
Les Français, nos amis si proches, si nécessaires, indécrottables bonapartistes, empêtrés qu'ils sont pour le moment dans les contradictions de leur messianisme politique, nous invitent peut-être - nous le verrons dans les semaines et les mois qui viennent - à nous battre avec plus de décision pour "la liberté, l'égalité, la fraternité."  Ils ont toujours été un modèle pour l'Europe et pour le monde - et quelquefois, cela leur a monté à la tête et ils se sont indûment faits donneurs de leçons. Puissent-ils rester ce modèle que nous attendons, contraints aujourd'hui  à se dépêtrer humblement dans les apories de leur système électoral. Oui, nous l'espérons tous.  Car quand la France est grippée, l'Europe entière éternue...

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