jeudi 1 juin 2017

Retrait(s) du Président Trump

Le Président Trump fait ce qu'il avait promis à ses électeurs. Il vient de se dégager, et de dégager son Pays, des accords de Paris sur le climat. Toul le laissait prévoir.
Sa tournée proche-orientale et européenne était aussi celle d'un retrait, ou de plusieurs : de la diplomatie habituelle qui scellait des accords nord-atlantiques. Le retrait, aussi,  de la simple politesse et du savoir-vivre à l'européenne. Trump est fidèle à ce qu'il a promis d'être : un Américain sûr de sa puissance financière et déterminé à ne plus s'encombrer de ce qui pourrait faire obstacle à la domination de son Pays, parce qu'il croit que celle-ci est entravée par les susdits accords.
Ce sont des manières de cow-boy, évidemment, nous ne sommes plus habitués à ce genre de comportement depuis longtemps  - l'Europe est pour lui une fille perdue qu'il viole à son aise, sans même prendre le soin de rien lui promettre, et en tous les cas, plus le mariage!
Vendre des armes à l'Arabie Saoudite, pour plus d'un milliard de dollars, alors que ce pays est une passoire vers le terrorisme - non seulement il s'en fiche, mais c'est pour lui une manière de dire que le terrorisme peut bien éclater partout en Europe, ce n'est pas son affaire. Après tout, la Belgique aussi vend des armes à ce pays, sans vergogne, pour protéger des intérêts locaux et sectoriels, et personne ne s'en préoccupe.
Aller ensuite voir le pape et lui prodiguer des sourires d'Hollywood pour essayer de contrer la mine effarée de son hôte, autre message : je veux de la religion, oui, mais si elle me sert et si elle sert les States tels que je les conçois. "Tes messages sur la paix, le dialogue interreligieux, la préservation écologique et sociale du monde, tu peux te les fourrer sous ta soutane, ma meuf et ma daughter se sont mises en frais pour toi avec une mantille noire sur la tronche, alors t'arrêtes de nous emmerder."
Les chefs d'Etat européens, pareil : "Je passe devant eux tous, je les ignore." Petite visite de courtoisie à l'Union Européenne, pour dire que "Je suis là", inauguration des nouveaux bâtiments de l'Otan, pour dire qu'ils coûté trop cher et que "C'est pas moi qui paierai Allez vous faire f..."
G7, pareil : "Quelle idée d'avoir choisi cette Sicile aux routes trop étroites pour ma Limousine!"
Et, dans la foulée, évidemment, les accords de Paris, sur le climat : "Vous pouvez vous les carrer où je pense, avec le reste, et sous la soutane de l'autre!"
Je résume tout cela en des termes peu élégants, parce que je suis à peu près certain que c'est ainsi qu'ils sont formulés dans l'intime conviction de l'actuel Président des Etats-Unis d'Amérique, l'un des hommes les plus puissants du monde.
Evidemment, tout cela est consternant.
Mais l'Europe ne devait-elle pas s'y attendre? L'Histoire nous apprend que les relations transatlantiques ont toujours été chahutées, et qu'il aura fallu du temps, dans les deux conflits finalement mondiaux du XXème siècle, pour que l'Amérique s'engage aux côtés de nations dévastées par des prétentions impérialistes ou fascistes de l'autre côté de l'Atlantique.
Oui, nous avons le droit d'être consternés.
En même temps, pour reprendre encore l'Histoire du XXème siècle, c'est par deux fois les USA qui nous ont sauvés de la barbarie dans laquelle nous étions englués. Ce sont des jeunes hommes de dix-huit, dix-neuf ou vingt ans, arizoniens,  texans et californiens, qui n'avaient pas grand chose à faire de notre continent ou de nos pays, qui sont venus crever le ventre ouvert, déchiquetés sur les plages de Normandie ou d'ailleurs - les cimetières militaires, là-bas et partout, en témoignent encore.
Alors, même si nous sommes consternés - et à juste titre -, il ne serait pas judicieux, ni simplement juste, je crois, de mépriser.
Une majorité d'Américains a, semble-t-il, voulu avoir à sa tête un Régime protectionniste, fermé et arrogant. Nous ferions bien de nous demander pourquoi (et les réponses viennent vite : détresse et paupérisation des classes moyennes, méfiance vis-à-vis d'une caste politique qui n'a pas l'air d'entendre ce qu'on lui dit, volonté de virer tout ça...), nous le ferions bien, parce que cette vague populiste et désolante risque fort de venir submerger nos rivages, de l'autre côté de l'Atlantique. Et sans doute plus tôt que prévu...

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