dimanche 22 octobre 2017

La mort est là, les saints sont plus nombreux...

J'apprends ce dimanche la mort du Père Dieudonné Dufrasne, moine bénédictin de Clerlande (Louvain-La-Neuve). Dieudonné, originaire du Borinage, dont il gardait le solide bon sens et le goût de la relation fraternelle, avait été élève à Bonne-Espérance, alors que mon Oncle y était le "Président" - il m'a fait don de quelques photographies de cette époque, que je conserve précieusement.
Il était surtout devenu un remarquable liturgiste, dans la grande tradition bénédictine, capable de traduire en gestes, en textes, en poèmes, ce que la réforme du Concile Vatican II propose de meilleur. Il était encore un excellent connaisseur de la spiritualité "rhéno-flamande" et en particulier de ce que les "béguines" médiévales ont cultivé comme expérience de prière - il avait là-dessus publié un très bon livre, voici quelques années. Il est mort un dimanche matin - au "Jour du Seigneur"- et que peut souhaiter de mieux un liturgiste? Je prie pour lui et pour la belle communauté de Clerlande.


Aujourd'hui aussi, j'ai été appelé à conférer l'Onction des Malades à la veuve de mon ancien instituteur - décédé, lui, voici une dizaine d'années. Gisèle a nonante-trois ans, et (je peux l'écrire, je sais qu'elle ne lira pas ce blog), je l'ai toujours considérée comme une sainte. Je ne veux pas parler ici de sa vertu, mais de sa foi : j'ai rarement vu une foi aussi incarnée, aussi solide, aussi décisive. J'ai été ému en lui faisant l'Onction, en voyant comment ce Sacrement prend tout son sens dans un parcours de vie d'une aussi grande richesse.  Comme me le disait un jour une vieille paysanne de mon village, "celle-là, elle ira au ciel, et sans carte d'identité!"


Et avant cela, j'étais passé voir Hubertine - je célébrerai demain ici à Enghien les funérailles de son époux. Hubertine, "Bertine", là encore, quel trésor de vie chrétienne! Septante années de mariage, de vie simple, de vie donnée, que j'ai eu le privilège de l'entendre raconter si doucement, avec tant de vérité dans la voix! Une vie de travail, de partage conjugal, de prière quotidienne et de don de soi aux autres, dans une toute petite maison de la Dodane. Bertine - qui va avoir 90 ans - s'est levée tôt toute sa vie, et continue à se lever tous les matins vers 4h30, "pour dire ses prières", des textes qu'elle étale, en ce moment de la journée où tout est calme encore, sur la table de la cuisine. "Alors, quand j'ai fini, je peux me mettre au travail", dit-elle. Mais quelle merveille, quel trésor!


Dieudonné, Gisèle, Bertine et son mari : oui, le trésor de l'Eglise, le vrai trésor!

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